1973, ROGER-MARX Claude, Préface de l’exposition à la galerie Katia Granoff, Paris

Sois ce que tu es, disait Goethe.


Pour la seconde fois, fidèle à ses dons et à la galerie Katia Granoff, Martine expose place Beauvau un ensemble de toiles récentes qui confirment toutes ses promesses.


A l’inverse de tant de femmes-peintres qui changent de manière comme de robe, de coiffure ou de parfum, nous la retrouvons telle qu'il y a deux ans, attaquant chacune de ses compositions avec la même ardeur, la même franchise, celles de son regard et de sa voix, bravant les dangers, et résolvant d'instinct, dans ses portraits, ses paysages ou ses natures mortes, les problèmes les plus complexes.


On serait tenté de conseiller à Martine de peiner davantage sur une même toile et de procéder à quelques sacrifices, mais sans doute on aurait tort, car des temps d'irrésolutions, de repentirs, des revenez-y risqueraient de lui faire perdre son élan, de diminuer son plaisir, et le nôtre, de compromettre sa communion directe avec les êtres ou les objets dont elle s'empare avec une vigueur presque virile.


Imposer telle ou telle méthode d'exécution serait une prétention dangereuse. Chaque artiste atteint à ses buts par des voies totalement différentes. Et l'on a constaté souvent chez de grands peintres que leurs mérites demeuraient en quelque sorte
inséparables de leurs défauts mêmes.


CLAUDE ROGER-MAR X